L’intégration de l’intelligence artificielle (IA) et des technologies numériques dans… View Article

L’intégration de l’intelligence artificielle (IA) et des technologies numériques dans le secteur associatif offre des opportunités considérables pour améliorer l’efficacité et l’impact social. Toutefois, cette transformation ne vient pas sans ses défis et considérations éthiques. Il est essentiel pour les organisations à but non lucratif d’anticiper et de gérer ces enjeux pour garantir une adoption responsable et bénéfique de ces technologies.

Amélioration des opérations et des services

L’IA permet d’automatiser certaines tâches administratives répétitives, libérant ainsi du temps pour se concentrer sur des missions à plus forte valeur ajoutée, comme l’interaction directe avec les bénéficiaires. Par exemple, l’utilisation de chatbots peut améliorer la gestion des communications en répondant aux questions fréquentes des membres et des bénévoles, en fournissant des informations essentielles de manière instantanée ou la personnalisation des programmes et optimisation des ressources

Grâce à des outils d’analyse de données avancés, les associations peuvent mieux comprendre les besoins de leurs bénéficiaires. L’IA aide à segmenter les audiences, à identifier les tendances et à prévoir les besoins futurs, permettant ainsi une allocation plus stratégique des ressources. Par exemple, dans des projets d’alphabétisation, l’analyse de données permet de personnaliser les parcours d’apprentissage en fonction des besoins individuels des apprenants​​.

Inclusivité et accessibilité accrues

Mais l’intégration de l’IA dans les projets de transformation numérque implique aussi des enjeux éthiques importants à prendre en compte:

Protection des données personnelles

L’un des défis majeurs liés à l’utilisation de l’IA et des plateformes numériques est la gestion des données personnelles des bénéficiaires, bénévoles et employés. Dans le secteur associatif, les organisations traitent souvent des informations sensibles, notamment des données de santé, des détails financiers et des informations sur les populations vulnérables. La collecte, le stockage et l’utilisation de ces données doivent être conformes aux réglementations sur la protection des données, telles que le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) en Europe. Par exemple, une association qui utilise une plateforme numérique pour suivre les progrès d’apprenants dans un programme d’alphabétisation doit s’assurer que les données collectées sont sécurisées, anonymisées si nécessaire, et utilisées uniquement dans le cadre des objectifs pédagogiques définis. Des mesures techniques, telles que le chiffrement des données et l’authentification à deux facteurs, doivent être mises en place pour éviter les fuites de données et les accès non autorisés.

Transparence et Applicabilité des Algorithmes

Les systèmes d’IA peuvent parfois fonctionner comme des « boîtes noires », où les décisions prises par l’algorithme ne sont pas facilement compréhensibles pour les utilisateurs finaux. Dans un contexte associatif, où la confiance est primordiale, il est essentiel que les décisions automatisées soient transparentes et explicables. Les organisations doivent pouvoir justifier les résultats générés par l’IA, qu’il s’agisse de recommandations d’intervention sociale ou de l’attribution de ressources. Si une organisation utilise l’IA pour prioriser les bénéficiaires d’un programme de soutien alimentaire, elle doit être en mesure d’expliquer sur quels critères cette priorisation est basée. Cela pourrait inclure des facteurs tels que le niveau de revenu, la taille du ménage ou l’accès à d’autres formes de soutien. Une transparence accrue dans ces processus aide à maintenir la confiance des bénéficiaires et à éviter toute perception de discrimination ou de partialité.

Biais Algorithmique et Équité

Les systèmes d’IA peuvent reproduire ou même amplifier des biais existants, conduisant à des discriminations involontaires. Dans le secteur associatif, cela peut avoir des conséquences graves, notamment pour les groupes marginalisés ou sous-représentés. Il est crucial de développer des algorithmes qui tiennent compte de l’équité et de vérifier régulièrement l’absence de biais dans les modèles utilisés.E Lors de l’utilisation d’IA pour évaluer l’éligibilité à des programmes de microcrédit, un algorithme biaisé pourrait désavantager systématiquement certains groupes ethniques ou genre en raison de données historiques biaisées. Les organisations doivent mettre en place des audits réguliers de leurs algorithmes et adopter des pratiques de développement qui incluent des perspectives diversifiées pour minimiser ces biais.

Consentement Informatique et Usage Responsable des Données

Les associations doivent obtenir un consentement de leurs bénéficiaires lorsqu’elles collectent et utilisent des données personnelles. Cela implique d’expliquer clairement comment les données seront utilisées, les risques associés, et les droits des individus en matière de protection de leurs informations. Si une application mobile utilisée par une ONG pour fournir des services de santé mentale doit informer les utilisateurs sur la nature des données collectées (par exemple, les habitudes d’utilisation, les réponses aux questionnaires de santé) et leur demander explicitement leur consentement avant de commencer toute collecte de données. En cas de changement d’utilisation des données, les utilisateurs doivent être informés et leur consentement mis à jour.

Accessibilité et Inclusion Numérique

Il est crucial de s’assurer que les technologies numériques sont accessibles à tous, y compris aux personnes ayant des limitations physiques, sensorielles ou cognitives. L’inclusion numérique garantit que personne n’est laissé pour compte en raison d’un manque d’accès ou de compétences numériques. Lors de la conception d’une plateforme d’apprentissage en ligne, une association devrait inclure des fonctionnalités telles que le texte en synthèse vocale, des interfaces simplifiées et des contenus en langue des signes pour les utilisateurs malvoyants, malentendants ou ayant des troubles d’apprentissage. Ceci peut être réalisé en collaborant avec des experts en accessibilité et en impliquant des utilisateurs finaux dans le processus de conception et de test.

Responsabilité et Obligation de Rendre Compte

Enfin, les organisations doivent adopter une attitude responsable envers l’IA et la transformation digitale en mettant en place des mécanismes de gouvernance solides. Cela inclut la création de comités éthiques, la formation continue des employés sur les enjeux éthiques de l’IA, et l’engagement à répondre aux préoccupations des parties prenantes.

Une organisation pourrait établir un comité d’éthique pour superviser l’utilisation de l’IA, formuler des directives éthiques, et assurer une conformité continue avec les standards de l’industrie et les régulations locales. Ce comité pourrait également être chargé de conduire des évaluations d’impact éthique avant le déploiement de nouvelles technologies.

La transformation digitale et l’intégration de l’IA dans le secteur associatif offrent des opportunités pour améliorer les services et maximiser l’impact social. Cependant, ces technologies doivent être adoptées de manière réfléchie et éthique pour garantir qu’elles servent réellement les intérêts des communautés vulnérables et renforcent la mission sociale des organisations. Andrea Naranjo Gamarra Rivero