Par Andrea Naranjo Occupy The Tech Brussels Les technologies de… View Article
Par Andrea Naranjo Occupy The Tech Brussels
Les technologies de l’information et de la communication sont aujourd’hui utilisées dans de nombreux secteurs tels que l’agriculture, la médecine, la santé, les transports, l’énergie, la logistique et l’éducation. L’accès à Internet est considéré comme un droit humain par l’ONU.
La demande de spécialistes dans le
domaine des technologies de la communication augmente rapidement et il est
prévu que 9 emplois sur 10 nécessitent des compétences numériques.
Dans l’espace européen, 169 millions d’habitants,
âgés de 16 à 74 ans, soit 44% de la population, ne maîtrisent pas le numérique.
Selon le Digital Society and Economy Index, il existe des différences
significatives entre les États membres de l’Union européenne en matière de
compétences numériques et 16 des États membres ont adopté des stratégies de
développement des compétences numériques.
Cette
série d’articles a pour but de contribuer à expliquer les termes utilisés par
les politiques publiques et projets destinés à combattre la fracture numérique,
comme axe transversal dans les politiques de la santé, de la culture, de
l’éducation et du travail Nous essayerons donc d’expliquer les notions de Littératie
numérique, fossé numérique, eInclusion, pauvreté numérique, alphabétisation
numérique, eHealth eGouvernement, ePrivacy.
La Fracture
Numérique, Digitale breuk ou Digital Divide
La
Fracture numérique, est un terme que l’on utilise pour définir le manque de
littératie numérique [1] d’une population selon
leurs différents niveaux d’accès aux technologies de l’information et
communication à l’ère de la société de l’information. Elle comprise comme la
fracture sociale qui sépare les individus qui ont accès à Internet et
l’informatique et les individus qui n’y ont pas accès.
La
Fracture numérique est donc l’un des
plus grands problèmes accompagnant le développement et diffusion des
technologies de l’information et de la communication dans la dénommée société
de l’information ou ère digitale et elle est présente tant en Belgique qu’au
Burkina Faso, en Amérique latine ou aux États-Unis, en faisant partie de ce que
l’on appelle la pauvreté numérique ( Blair, 2010) , laquelle consiste en un
manque d’accès, un manque de ressources économiques ou un manque de
connaissances pour pouvoir utiliser les technologies de l’information et de la
communication provoquant une pauvreté numérique[2] Ce phénomène divise la
population mondiale entre « info – riches » et « info- pauvres »[3] ou pauvreté numérique en mettant en évidence non seulement une
différence entre pays développés et ceux qui ne le sont pas, mais souligne des
différences entre les grandes villes et les villages ruraux, voire entre
catégories sociales et genres dans des pays que l’on considère pourtant très
avancés du point de vue technologique.
Selon
la ITU (Union internationale des télécommunications) 53 % des habitants de la
planète sont exclus des réseaux d’information mondiaux, La plus grande
différence est entre l’Europe et l’Afrique. Alors que 75% des Africains
n’utilisent pas Internet, seulement 21% des Européens sont hors ligne. Dans
d’autres régions du monde, comme l’Asie et le Moyen-Orient et L’Amérique Latine
ce pourcentage est d’environ 58%.
On
peut même parler de Fracture Numérique de Genre[4] car l’indice d’accès à
Internet étant plus élevé (environ 10%) pour les hommes que pour les femmes,
dans toutes les régions du monde.
En
Europe, aux Etats Unis et dans certains pays d’Amérique Latine, l’infrastructure
pour les technologies de l’information et de la Communication existe déjà, mais
l’accès et les compétences pour que les citoyen.ennes puissent se débrouiller dans
le «gouvernement électronique » ou la eHealth
( eSanté) a encore un long chemin à faire.
La
Fracture Numérique est donc un problème structurel de la société de
l’information tant au sein des pays développés qu’au sein des pays en voie de
développement, ce qui comme conséquence que la eInclusion fasse partie des
Objectifs du Millénaire (OMD8 – CIBLE 18) à travers des programmes
d’alphabétisation numérique, des projets de développement ou via des programmes
d’inclusion et intégration sociale dans les pays développés, comme dans le cas
de la Belgique.
En
Europe la population la plus affectée par la fracture et pauvreté numérique
c’est la population adulte entre 25 et 70 ans. Cette population est considérée
comme difficile à alphabétiser numériquement car on pense qu’elle n’intègre pas
facilement les outils informatiques et les logiciels à cause d’une résistance
cognitive due à l’âge ou à la différence culturelle pour arriver à gérer les
outils informatiques et les Technologies d’Information et communication
convenablement.
Ceci a
pour conséquence dans certains cas, que beaucoup de projets institutionnels
liés aux Technologies de l’Information et de la Communication soient déclarés comme étant un « échec », ainsi comme le licenciement de professionnels adultes
dans les entreprises privées, ou tout simplement la marginalisation totale
d’une population du monde entier, de toutes les cultures, de toutes les classes
sociales et de genre qui doivent vivre dans une société de plus en plus
informatisée, car ne pas savoir faire une demande de documents d’identité par
internet, ne pas avoir une e-mail de contact, ou ne pas savoir se servir d’un
logiciel de rédaction, est une caractéristique de populations que l’on pense
voir exister seulement dans les pays les plus pauvres de la planète.
La
plupart du temps il n’est pas possible d’évaluer et/ou formellement mesurer de
façon classique les raisons qui sont à la base de ces problèmes, car l’on tend
à idéaliser le rôle joué par les TIC depuis la planification stratégique des
projets.
Le
cadre institutionnel dans lequel s’insère la mise en place des politiques
publiques de lutte contre la fracture numérique en Belgique correspond à des
politiques mondiales de lutte contre la fracture numérique une problématique
qui concerne l’ensemble de la population mondiale.
Pour
la Commission de la Cohésion Sociale du Conseil de l’Europe l’une des raisons
de la fracture numérique est due à des variables psychologiques telles que la
résistance à la nouveauté comme la population de seniors. Certains utilisateurs projettent sur les TIC
leurs difficultés personnelles, sociales, cognitives.
D’autre
part il existe aussi un type de fracture numérique due à l’incapacité d’utiliser
utilement et efficacement les TIC et/ou internet du fait d’une méconnaissance
des savoir-faire nécessaires et des ressources disponibles.[5]
Périne
Brotcorne a divisé la fracture numérique en
– Fracture numérique matérielle ou de premier
degré : c’est-à- dire qu’il existe un déficit en termes de moyens,
d’équipements et d’accès ;
– Fracture numérique intellectuelle ou de
deuxième degré : c’est-à- dire qu’il existe des disparités de type
sociocognitif, tels que le manque de maîtrise des compétences et des
connaissances fondamentales pour l’usage des TIC (Valenduc, Brotcorne, 2008).
Belgique : La fracture numérique, une nouvelle
cause d’exclusion sociale pour les personnes âgées
Dans le cas de la Belgique la Commission
des aînées de l’ACRF-Femmes en milieu rural informe que près de 20 % des
ménages belges n’ont pas de connexion internet à domicile. Et 13 % n’ont jamais
utilisé d’ordinateur. Un∙e belge sur deux ne sait pas payer ses factures ni
remplir des formulaires en ligne. Un belge sur cinq ne sait pas utiliser un
courriel ni faire des recherches sur Internet[6].
Le projet européen SEACW (écosystème
social pour le vieillissement actif et le bien-être)[7]
confirme le risque d’exclusion sociale de la population européenne qui
n’utilise pas les nouvelles technologies. Mais surtout chez les Seniors de plus
de 65 ans.
L’inclusion numérique des groupes de
personnes âgées constitue un défi dans les sociétés contemporaines. À l’échelle
mondiale, les personnes âgées de 60 ans et plus constituent le groupe d’âge
dont la croissance est la plus rapide et, dans presque tout le monde, leur proportion
par rapport à la population totale augmente. En 2015, il y avait 901 millions
de personnes âgées de 60 ans et plus dans le monde. Ce nombre devrait passer à
1 400 millions en 2030 et à 2 100 millions en 2050.
Bien que de nombreuses personnes âgées
vivent dans des foyers disposant d’un accès à Internet, un pourcentage
important n’en utilisent pas. Cela indique que l’accès n’est pas le seul
facteur déterminant de l’utilisation des TIC, mais aussi le désir et la
capacité d’en tirer parti.

La prise en compte du groupe des personnes âgées au sein des « exclus numériques » ou des « utilisateurs tardifs » et la reconnaissance de l’importance des technologies dans différents domaines constituent un cadre permettant de faciliter la mise en place de politiques d’inclusion sociale et les TIC pour les personnes âgées deviennent une opportunité de rester intégrées à la société. En ce sens, la eInclusion ou l’inclusion numérique, peut être inscrite en tant que dimension transversale d’intégration sociale, conformément aux principes en faveur des personnes âgées déjà énoncés en 1991 par les Nations Unies : indépendance, participation, protection, épanouissement personnel et dignité. (Organisation des Nations Unies, 1991).
Andrea Naranjo Gamarra de Rivero
Bibliographie
- VALENDUC, Gérard, 2010. « La fracture numérique
en Belgique, Une analyse des données statistiques existantes »,
Association Pour Une Fondation Travail-Université, Namur
- AGENCE WALLONNE DE TÉLÉCOMMUNICATIONS –Fracture
numérique en Wallonie rapport Aout 2009,
http://www.awt.be/web/dem/index.aspx?page=dem,fr,men,040,040
- BROTCORNE, Périne, VALENDUC, Gérard, 2010, Diversité
et vulnérabilité dans les usages des TIC. La fracture numérique au second
degré. Rapport pour la Politique
scientifique fédérale, Academia Press
Bruxelles / Gent
- BROTCORNE, Périne, 2010, Seniors et inégalités
numériques L’exclusion des seniors par rapport aux TIC se réduit-elle en
Belgique ? Centre de recherche Travail & Technologies de la Fondation
Travail-Université (FTU)
- BROTCORNE, Périne, 2008, L’éducation permanente dans les domaines des
TIC. A quelles conditions peut-elle
réduire les inégalités? Centre de recherche Travail & Technologies de la
Fondation Travail-Université (FTU)
- BROTCORNE, Périne, VALENDUC, Gérard, 2008, Les espaces
publics numériques en Belgique. Un outil
d’intégration sociale, Centre de recherche Travail & Technologies de la
Fondation Travail-Université (FTU)
- BROTCORNE, Périne, VALENDUC, Gérard, 2007, Les
inégalités numériques en Wallonie – De nouveaux indicateurs statistiques,
Centre de recherche Travail & Technologies de la Fondation
Travail-Université (FTU)
- BROTCORNE, Périne, VALENDUC, Gérard, 2006, La
dimension européenne de la lutte contre la fracture numérique Une analyse de la
« déclaration de Riga », Centre de recherche Travail & Technologies
de la Fondation Travail-Université (FTU)
- DFID – UK Department for International Development
Quick guide: “ICT and education at DFID Quick guides to resources and work on
ICTs and education in international institutions and donor agencies”, http://www.infodev.org/en/Publication.140.html
- IWT « Fracture numérique en Wallonie rapport Aout
2009 » http://www.awt.be/web/dem/index.aspx?page=dem,fr,men,040,040
- OMD Rapport July 2009, http://www.un.org/french/millenniumgoals/pdf/MDG%20Report%202009%20FR.pdf
- World Bank The Social Development Department of the
World Bank coordinates several thematic work programs These include Community Driven Development,
Conflict Prevention and Reconstruction, Indigenous Peoples, Involuntary
Resettlement, Participation and Civic Engagement, Social Analysis and Policy
and Social Capital http://go.worldbank.org/PT2MJOI9W0.
- VALENDUC, Gérard, 2010 La fracture numérique en
Belgique, Une analyse des données statistiques existantes, Centre de recherche
Travail & Technologies de la Fondation Travail-Université (FTU)
- VALENDUC, Gérard, 2007, Informatique et pauvreté. Les
seuils à franchir pour intégrer dans la société de l’information les personnes
en situation de pauvreté, Centre de recherche Travail & Technologies de la
Fondation Travail-Université (FTU)
[1]
« La capacité à comprendre et
utiliser l’information dans des formats multiples à partir d’un large éventail
de sources, via les
ordinateurs. »
[2] https://borgenproject.org/digital-poverty/
[3] http://revues.mshparisnord.org/netsuds/index.php?id=401
[4] http://www.helenebourdeloie.org/IMG/pdf/Bourdeloie_Julliard_LE_GENRE_-DIMENSION_IGNOREE_DE_LA_FRACTURE_NUMERIQUE_—PUQ2012-2.pdf
[5]
Tout
autre problème c’est le problème linguistique ou culturel : Les personnes
immigrées notamment font partie d’un des sous-groupes présentant les faibles
niveaux d’appropriation ou de compétences en TIC(…) Donc, un enjeu majeur de
l’appropriation des TIC est ici souligné: permettre de construire des ponts
entre les cultures. »
[6] Godelieve Ugeux Article
publié dans Plein Soleil n°835 (octobre 2018), la revue de l’ACRF – Femmes en
milieu rural
[7] https://cordis.europa.eu/project/rcn/191786/factsheet/en